De la magie

De tout temps, la magie a avant tout été perçue comme dangereuse: recherche de pouvoir, luxure, cupidité... son aspect de déviance vis-à-vis de la religion (notamment la religion chrétienne) la rendait blasphématoire, moralement et philisophiquement inacceptable.
Il est cependant évident que la magie, souvent distinguée en diverses sortes (magie noire, divination, sorcellerie, magie "guérisseuse"), a véhiculé des idéaux et des pistes de réflexion à de nombreuses sciences dites exactes ou pures. Les techniques utilisées et les ambitions sont en effet très proches: les physiciens et biologistes participent par exemple à cette recherche d'explication de la Nature, souvent considérée comme s'opposant à la vision religieuse du monde, et dans une certaine mesure à une recherche de pouvoir; dans un premiers temps de l'Homme sur la Nature, mais inévitablement de l'Homme sur l'Homme.
Les sciences occultes forment un terrain culturel, un espace de recherche pour l'ensemble des préoccupations des praticiens. Ainsi le message de Roger Bacon s'inscrit dans cette logique: il faudrait mettre de côté nos certitudes ralionalistes et se laisser guider par la croyance pour entreprendre une démarche scientifique. Ainsi s'oppose-t-il au doute cartésien, seule la preuve scientifique du faux nous amène à rejeter nos impressions a priori. Ainsi nos croyances naturelles ne doivent pas être rejetées et condamnées, mais être utilisées comme rampe de lancement à toute démarche expérimentale et scientifique.
D'après Pierre Thuillier; La Revanche des Sorcières,L'irrationnel et la pensée scientifique, 1997